Parc de la Chute-Montmorency — Expérience chute
Parc de la Chute-Montmorency — Expérience chute
2021
Le Parc de la Chute-Montmorency présente un intérêt pour ses valeurs paysagères et est remarquable grâce à sa chute d’une hauteur de 83m qui attire chaque année plus de 800 000 visiteurs.
L’approche préconisée dans le cadre de ce projet de requalification de l’ensemble du pied de la chute vise à créer une intervention qui répond au programme défini par la Sépaq, tout en s’inscrivant harmonieusement et avec sens dans le milieu d’insertion. L’analyse polyphasique de l’évolution historique du site a alimenté le processus de conception. Le projet, autant par son caractère d’ensemble qu’au niveau de la résolution spécifique des différentes composantes, cherche à affirmer sa personnalité propre en résonnance au génie du lieu.
La vision d’ensemble véhiculée par le projet se veut ancrée à ce site d’une grande richesse historique tout en assumant sa distinction avec le haut de la falaise. Le plateau supérieur de la chute est encore aujourd’hui associé à la notion de villégiature d’un des grands domaines anglais qui surplombaient le Saint-Laurent au 19e siècle par la présence du Manoir Montmorency. L’évolution historique du pied de la chute est quant à elle représentative des strates d’urbanisation propres aux berges de Québec. Passant d’un site naturel où le fleuve Saint-Laurent venait toucher le pied de la falaise, nommé à l’époque le Bas-du-Sault, il fut modifié peu à peu par des interventions humaines visant à exploiter son potentiel militaire, énergétique et industriel, ainsi que par le passage de la voie ferrée et d’une autoroute sur d’importants remblais.
Le pied de la chute est riche en histoire et les vestiges témoins de certaines époques composent la mémoire matérielle et immatérielle à partir de laquelle les nouveaux aménagements trouvent un sens au plan de l’évocation.
DES RÉSOLUTIONS ARCHITECTURALES SENSIBLES MAGNIFIANT LE PAYSAGE
Le projet global se divise en deux sous-secteurs :
Le secteur d’accueil projeté au sud du Chemin de fer Charlevoix vise la requalification du parcours d’accueil, la reconfiguration et la végétalisation de l’aire de stationnement, l’aménagement de jardins thématiques, l’interprétation et la mise en valeur des vestiges industriels et l’aménagement d’un nouveau pavillon de services.
Le secteur de l’Expérience chute au nord de la voie ferrée, qui consolide un circuit accessible universellement, permet aux visiteurs de s’approcher de la chute et de boucler un parcours en 4 segments autour du bassin de la rivière :
— La passerelle contemplative en aval du bassin (élargissement et requalification de la passerelle piétonne existante jouxtant le pont ferroviaire) ;
— Le sentier minéral et son jardin sur la rive est du bassin (requalification et mise aux normes des sentiers et du belvédère en béton aménagés en 1967 ; gestes inspirés du mouvement moderne) ;
— La passerelle semi-submergée en amont du bassin (aménagement d’une passerelle discrète au fil de l’eau se dissimulant dans le paysage et permettant de s’approcher de la chute et ressentir sa puissance hydraulique ; une véritable prouesse technique) ;
— Le sentier nature et son pavillon d’accueil sur la rive ouest du bassin (aménagement sur pilotis s’intégrant délicatement au littorale).
Le plan d’ensemble indique les lignes directrices et représente la nouvelle feuille de route de la Sépaq afin de concrétiser sa vision ; cette vision inclut architecture, paysage, programmation, interprétation et intégration. Une vision qui reflète les valeurs actuelles et collectives dans une résolution contemporaine.
Passerelle contemplative
La passerelle contemplative est une section de l’Expérience chute qui, comme l’ensemble du projet, se veut en résonnance au génie du lieu. L’élargissement et la requalification de la passerelle existante qui juxtaposait le pont ferroviaire au-dessus de la rivière sont en réponse à une problématique programmatique. Pendant la saison estivale, de nombreux groupes de touristes visitent le site et n’ont que quelques minutes pour apprécier le spectacle de la nature ; la passerelle piétonne originale d’une largeur de 2m offrait un point de vue privilégié sur la chute et était utilisée comme un lieu d’observation par plusieurs visiteurs créant un engorgement à la circulation des piétons qui traversent la rivière. L’élargissement de la passerelle à 5.5m en paliers offre aux marcheurs un déambulatoire dans sa partie supérieure, alors qu’un espace belvédère, en contrebas, permet aux visiteurs de s’arrêter, s’assoir et contempler la chute.
La forme et le traitement architectural de la nouvelle passerelle s’inspirent directement de l’esprit du lieu en plus de répondre habilement à de nombreuses contraintes structurales. La forme cherche à créer un dialogue entre nature et architecture ; l’horizontalité souligne et magnifie la verticalité de la chute et des falaises. La passerelle cherche à évoquer auprès du promeneur les caractéristiques dominantes de l’iconographie du site ; soit le paysage industriel des moulins à scie du 19e siècle. Elle en évoque le caractère et la mémoire dans une expression sobre et contemporaine. Le bois comme parement ainsi que le laminage géométrique sont inspirés des empilements de bois et de la drave qui ont caractérisé le paysage passé. Le côté presque qu’immatériel d’un garde-corps en verre trempé ultra-clair et son sabot dissimulé donne tout son sens à la notion de contemplation.
Pavillon d’accueil
Le pavillon d’accueil qualifie le segment ouest du parcours autour du bassin Montmorency et marque le point d’entrée à l’Expérience chute. Implanté sur un terrain en pente douce vers le bassin, le nouveau pavillon est aménagé en respect avec le milieu sensible que représente le littoral de la rivière et sa flore.
Aménagé en lieu et place d’un poste électrique désaffecté, le pavillon s’offre comme point de repère et de convergence aux visiteurs. Exprimant une troisième dimension dans le paysage de villégiature, sa structure en acier minimaliste, dépourvue de contreventement vertical par l’habile intégration de cadres rigides, met en scène un porte-à-faux s’étirant vers l’eau, soulignant l’horizontalité de la construction et cadrant des vues sur le paysage. Les détails d’assemblage de cette structure ont été étudiés finement pour dissimuler à la fois les contraintes structurales et de drainage de la toiture.
Le complexe d’étanchéité de la toiture est contenu dans l’épaisseur de la structure et est revêtu d’un parement de bois blanchi ; texture référant au revêtement du manoir qui caractérise le domaine historique du plateau haut de la chute. La toiture se veut un plan unique et continu ; la pergola du porte-à-faux permet de dessiner au sol un jeu d’ombre et de lumière qui évolue selon les heures et les saisons.
Les trottoirs de bois du sentier nature se juxtaposent au pavillon ; ils sont aménagés sur pilotis pour minimiser leurs emprises sur l’environnement. Le laminage et la tectonique des sentiers de bois s’inspirent à la fois des iconographies d’amoncèlement de billots issus de la drave s’accumulant au pied de la chute, mais également des empilements qui caractérisaient le paysage des moulins à scie au siècle dernier.
La forêt, environnante au pavillon et ses sentiers, est consolidée par la plantation d’arbres et d’arbuste indigènes.
Le pavillon d’accueil agit comme une halte permettant aux visiteurs une pause à l’ombre, mais surtout comme une enluminure magnifiant de nouvelles perspectives sur la chute.
Architecture, design urbain et paysage
Daoust Lestage Lizotte Stecker
Réal Lestage
Eric Lizotte
Caroline Beaulieu
Lucie Bibeau
Grégory Taillon
Luca Fortin
Mélissa Simard
Geneviève Bouthillier-Martel
Structure et électricité
Tetra Tech
Martin Lemyre
Pierre Laliberté
Serge Ouellet
Civil et environnement
Cima+
Jacques Desjardins
Mélanie Primeau
Élizabeth Lessard-Giguère
Christian Gagnon
Jean-Rémi Julien
Entrepreneur
Construction Deric
Jérôme Després-Grenier
Émile Duchaine
Vitrerie Univerre
Fourniture et installation des verres